Monde des Ténèbres : Paris
Schala
Érudite aux savoirs erronés
Description:
- Seeming : Flétrie
- Cour : Automne
- Apparence : Je suis encore une enfant, j’ai à peine vieilli depuis mon enlèvement mais mon apparence a changé, je ne ressemble plus à un être humain. Mes traits semblent dessinés… J’ai le visage d’une pâleur spectrale et mes yeux ne sont plus que deux minuscules sphères blanches. Mes oreilles sont repliées sur elles même, comme chez certains animaux, aussi je prends toujours garde à les laisser cachées derrière mes longs cheveux noirs. Les marques de mes multiples tentatives de suicides me recouvrent le corps et donnent toujours l’impression d’être ouvertes, c’est pourquoi je porte généralement des vêtements me cachant les poignets et le cou.
Bio:
Je m’en souviens, nous courrions à travers la haie, un seul objectif : s’éloigner toujours un peu plus, mettre le plus de distance possible entre nous et cet endroit. Mourir ici, au milieu des épines s’il le fallait, mais retrouver une forme de liberté, c’était tout ce qui comptait. Un pas puis un autre, on devait continuer tant que l’on ne se sentirait pas en sécurité, et à mesure que les kilomètres passés à slalomer entre les ronces s’accumulaient, nous ne nous sentions pas plus en sécurité… Je m’effondrais la première, j’avais faim, j’avais sommeil, j’avais mal partout. Etienne s’assit près de moi : « Elle ne viendra pas nous chercher jusqu’ici ! ». Il essayait surtout de se convaincre lui-même, elle était déjà venu nous chercher bien plus loin, jusqu’à chez nous sur Terre, mais je gardais cette pensée pour moi et acquiesçait.
Quel âge est-ce que j’avais lorsqu’elle est venue m’arracher à ma famille ? 11 ans ? Peut-être 12… J’étais encore au collège, et j’étais plutôt forte en cours… J’adorais ça, apprendre… Elle était venue me chercher à la sortie de l’école et m’avait proposé un stage d’apprentissage intensif, à peine avais-je laissé transparaitre un quelconque intérêt que j’étais prise au piège et emmenée dans cette école. On y apprenait beaucoup de choses, toute plus improbables les unes que les autres, toutes fausses, l’incohérence et la contradiction étaient monnaies courantes et lorsqu’elle nous interrogeait et que notre réponse ne lui convenait pas, nous subissions toutes sortes de tortures ou d’humiliations. Tout cela en restant dans l’attente éternelle d’un week-end qui n’arrivait jamais. Parfois on étudiait en secret ce dont on se souvenait, les vraies leçons que l’on avait apprise avant notre enlèvement, nous venions d’époques différentes et avions des âges différents donc il y avait matière à travailler. C’est ce qui m’a aidé à tenir, à garder un simulacre de lucidité, sans doute est-ce ce qui m’a permis de sortir !
Après avoir erré un moment dans la haie, nous croisâmes un changeling. Ah, très cher Crocus, je te dois tant et plus, tu nous as permis de sortir de la haie, tu nous as expliqué tout ce qu’on devait savoir de la société changeline, je t’en serais toujours reconnaissante. Etienne t’a suivi à la cour de l’hiver, personnellement, l’automne m’attirait plus, mon esprit brisé possède plus que jamais la soif de connaissance qui caractérise cette cour et la peur m’est désormais tellement familière que je me la suis appropriée. Car la peur est toujours présente, je ne peux toujours pas me séparer d’un doute : suis-je parvenu à sortir de cet enfer ou est-ce encore une de ses farces ?
Je n’ai gardé qu’une chose de l’époque de mon enfermement, le « bonnet d’âne » qu’elle me faisait porter parfois : une coiffe de bouffon. Je la laisse chez moi, en souvenir de ce que j’ai vécu. Quand je sors, j’arbore plutôt un magnifique chapeau fleuri offert par Crocus, un chapeau qui vit comme nous tous, au rythme des saisons. Mes objectifs à présent ne sont pas clairs, même pour moi. J’aimerai retrouver mon passé, savoir ce que j’aurai été si j’étais resté humaine mais je n’ai guère de souvenir de ma famille, je sais juste qu’ils vivaient près de Paris et ma place n’est plus avec eux, je la laisse bien volontiers au simulacre qui me l’a prise. Toutefois, les rencontrer m’apporterai surement quelques réponses et m’aiderait à me sentir réelle. A long terme, j’aimerai être professeur, ayant conscience de l’importance de la connaissance, je veux permettre à d’autre d’en profiter mais pour cela, j’ai besoin d’une identité puis de remettre mon savoir à niveau et j’appréhende le jour où je devrais remettre les pieds dans une école, serais-je capable de surmonter l’angoisse ? En attendant, je vis de petits boulots divers et m’intègre doucement à la société changeline. J’essaie d’avoir de bons contacts avec tous et pour cela, j’évite de laisser transparaître ce que je pense de chacun car j’ai beaucoup de mal à faire confiance aux autres, à les estimer. Mon but n’est pas de créer un éventail relationnel, mais de pouvoir profiter à l’occasion de ce que chacun peut m’apporter. Plus particulièrement des informations, en savoir suffisamment sur les gardiens pour nous protéger d’eux serait un rêve et j’essaie de tendre vers sa réalisation bien que je n’y porte que peu d’espoir, un espoir vain…
Une nuit, j’ai été réveillée par un cauchemar, les augures m’ont appelée à eux. Pourquoi moi ? Je n’ai jamais cherché à m’élever au-dessus de ma simple condition, je me suis toujours contentée de ma quête d’humanité. Quoi qu’il en soit, ils m’ont confié une mission. Sans que j’en arrive à m’apitoyer, le résultat de cette mission me laisse partagée. On a, certes, réussi à rétablir un semblant d’ordre auprès des cours (encore que…) mais à quel prix ? Les feux des projecteurs ont été sur nous, nous avons attiré une attention que je n’aurai jamais souhaité, provoqué une condamnation à mort, nous sommes sans doute attiré la haine de Madame Toile et peut-être même une quelconque animosité du côté de l’hiver. Mes consolations resteront d’avoir sauvée la vie de Rouille ainsi que d’avoir stoppé les rêves de grandeur d’une folle prête à nous menacer des gardiens pour un peu d’ascension sociale. Quoi qu’il en soit, j’espère ne pas avoir à regretter ma prise de confiance vis-à-vis d’Emerance AlDehyde qui bien qu’étant une femme, à mon avis très sensible et gentille, est capable du pire.